Article du journal l'union du 6/02/08 (Hervé OUDIN)
Le tribunal de commerce examinait hier après-midi l'appel de cinq repreneurs écartés le 9 janvier dernier après l'attribution des actifs de Chausson outillage au groupe Crit.
L’AMBIANCE était tendue hier après-midi dans la salle d’audience du tribunal de commerce de Reims. Debout, une cinquantaine d’anciens salariés de Chausson outillage ont écouté pendant près de trois
heures les avocats de différentes entreprises débattre, parfois de façons très virulentes, des offres d’achat du bâtiment et des machines de leur ex entreprises.
Cette audience faisait suite à l’opposition formulée par plusieurs entreprises contre l’ordonnance du juge commissaire qui, le 9 janvier dernier, avait décidé de céder les actifs de Chausson
outillage à l’industriel Crit. Ce dernier proposait la reprise des actifs et la création d’emplois sur le site dans le cadre d’un vaste projet industriel tandis que les autres parlaient davantage
d’un simple projet de reprise et de vente mobilière et immobilière.
Hier après-midi la donne a été un peu différente. Les salariés sont passés par tous les stades, avec à l’arrivée une décision qui sera rendue le 15 avril prochain à 14heures.
« Cette date peut paraître lointaine mais elle permettra que la décision soit définitive sans appel possible », explique Patrick Thumy, ancien responsable du CE de Chausson.
Durant plus de trois heures, les avocats des entreprises intéressées se sont livrés à ce qui ressemblait parfois à une surenchère autour d’une entreprise aujourd’hui liquidée et dont le passif
s’élève à 19,8millions d’euros. Tous ou presque ont réévalué leur offre par rapport à janvier même si à l’arrivée on est loin des estimations soit 7,5millions pour l’immobilier et entre 2 et
3millions pour le matériel. Premier à passer, l’Italien Genta qui propose 4millions d’euro et la reprise de 10 salariés, une nouveauté dans leur démarche. Ils proposent aussi la possibilité de
payer 5 millions d’euros mais sans emploi cette fois.
Derrière, les Italiens de CR Presse maintiennent le niveau de leur offre à 3,380 millions pour le matériel et mobilier, rien du côté activité.
Les Hollandais de Harry Vraets montent leur offre de 3,2millions à 4,5millions d’euros avec la volonté selon leur avocat de « valoriser les actifs immobiliers et de développer une activité de
stockage et de manutention ». Prodeq Trading qui avait fait opposition n’était pas là et les Anglais de Goindustry, qui n’ont eux pour l’instant rien décidé, étaient convoqués mais n’ont pas eu
l’occasion de s’exprimer.
Pour Crit et les salariés qui soutiennent ce dernier, l’audience aurait aussi été l’occasion de faire un pas en avant en formalisant ses intentions d’embauche.
Critiqué de toute part par les autres avocats sur le flou de ses promesses, le patron de l’entreprise présent dans la salle s’est engagé de manière ferme à créer entre 45 et 50 emplois dans les 12
mois qui suivront sa désignation. « C’est un engagement fort qui concrétise tout ce que l’on peut dire depuis plusieurs mois », se réjouit le Patrick Thumy qui espère bien voir l’ordonnance du
9janvier confirmée.
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Crit précise ses intentions
Retenu dans un premier temps le 9 janvier, le groupe Crit, par l'intermédiaire de son PDG, a affiné hier en audience les intentions de son entreprise sur le site de Chausson outillage.
Il a également annoncé plusieurs pistes de développement industriel. Des accords seraient ainsi passés avec Renault et Peugeot et la révision des pièces d'avion d'une compagnie anglaise, que sa
société réalise actuellement à Roissy, viendrait à Reims faute de place sur l'aéroport.
Autant d'arguments que les salariés espèrent voir retenir par le tribunal de commerce afin que le projet Crit soit confirmé. Une offre que la procureur de la République estime être « la plus
viable, la plus intéressante et la seule qui délivre un message d'espoir ».