Une salle a été transformée en PC logistique pour renseigner et aider les salariés.
A l'entrée de l'usine les banderoles sont toujours là. Certaines à moitié détachées, d'autres usées par le temps signe d'un combat qui dure. Cela fait aujourd'hui 132 jours que l'usine de Chausson outillage est occupée par les salariés. Ils sont une vingtaine à se relayer pour « éviter le démantèlement de leur outil de travail » et « favoriser l'arrivée d'un repreneur ». Un noyau dur qui n'entend pas lâcher.
On est en tout cas loin de l'agitation du début d'année et de la surmédiatisation au moment du passage des candidats aux présidentielles François Bayrou, Arlette Laguiller et Ségolène Royal.
« On a de temps en temps des pressions pour nous faire comprendre qu'il serait bien que l'on quitte les lieux », commentent Patrick Thumy et Emmanuel Rezende, anciens responsables CFDT du CE de l'entreprise et membres du comité de suivi. « Mais on reste vigilant. On est capable de remobiliser tout le monde très très vite s'il le faut… ».
« Certains ne peuvent plus venir… »
Ce que craignent avant tout les salariés, c'est la disparition des machines de pointe encore en place dans l'usine. Hier matin, des personnes étaient d'ailleurs présentes sur place pour enregistrer des données, prendre des mesures. « On en a qui passent régulièrement. On les laisse faire, mais pas question d'envisager une quelconque vente. Les lieux deviendraient alors une friche et n'intéresseraient plus personne ».
Dans l'usine déserte, la résistance s'est organisée. Dans une pièce, transformée en PC, les anciens responsables du CE font régulièrement le point avec les salariés de passage.
Informations, reprises éventuelles, papiers, formations, démarches… tous les sujets sont évoqués avec un seul objectif : tenir. « Certains ne peuvent plus venir ici… c'est trop dur d'un point de vue émotionnel. On les contacte alors par d'autres moyens. Il y a notamment les échanges par le biais d'internet et du blog que l'on a créé (http://les chaussons.over-blog.fr) ».
La partie où se trouvent toutes les machines a été isolée, comme pour mieux la protéger. Pour tuer le temps, beaucoup se retrouvent autour des tables et du café installés au milieu de l'entrée. Aux murs, les coupures de presses, les lettres du mandataire, les numéros de téléphones utiles… Dans le silence et l'immensité des lieux, la mobilisation est entrée dans une routine.
Il est vrai que les « Chausson » sont aujourd'hui un peu dispersés. Sur les 181 salariés de l'usine, 42 ont été, à ce jour, reclassés, la plupart en CDD selon les deux syndicalistes. D'autres sont en formation ou ont utilisé le système de convention de reconversion personnel.
Une offre de reprise déposée
Ils sont encore 68 à attendre un éventuel repreneur. « On vient de nous apprendre qu'une offre aurait été déposée. On n'en connaît pas le contenu, si ce n'est que c'est une entreprise cotée en bourse et que cette offre serait intéressante en terme d'emplois ». Reste à en avoir le détail et voir surtout si elle recevra le feu vert de toutes les parties. Dans tous les cas cela n'interviendrait pas avant plusieurs semaines. De quoi maintenir encore sous pression pendant quelque temps les occupants de l'usine.